La banque franco-blege Dexia droit vers un démantèlement, fauchée par la crise de la dette

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La banque franco-belge Dexia, rattrapée par la crise trois ans après avoir échappé de peu à la faillite, semble aller tout droit vers un démantèlement qui ferait d’elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette.

 

A l’issue d’un conseil d’administration marathon de six heures réuni à Bruxelles, la banque a laissé présager un nouveau virage stratégique en ouvrant la voie, dans un communiqué sybillin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses « problèmes structurels ».

 

Le conseil d’administration a mandaté l’administrateur délégué Pierre Mariani pour « préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes ». Plus directs, l’hebdomadaire Le Point évoque sur son site internet une « vente à la découpe », le quotidien Le Figaro annonçant de son côté une « liquidation ordonnée ».

 

Dexia laisse notamment entendre qu’il va sans doute isoler à l’extérieur du périmètre de la banque, le portefeuille d’actifs dont il cherche à se délester progressivement depuis la crise et qui, « dans l’environnement actuel », « pèse structurellement sur le groupe », du haut de ses 95 milliards d’euros. Au-delà, le conseil souhaite « ouvrir de nouvelles perspectives de développement » aux filiales française et belge.

 

Malgré la restructuration menée à marche forcée depuis début 2022 sous l’impulsion de la Commission européenne, Dexia est une nouvelle fois rattrapé par ses vieux démons.

 

L’importante réduction de son bilan et de ses besoins en liquidités à court terme n’ont pas suffi à rendre son équilibre à l’établissement, encore à la merci d’une fermeture des marchés du financement comme en septembre 2008, quand seule l’intervention des Etats français, belge et luxembourgeois l’avaient sauvé.

 

Trop d’actifs, trop de prêts à long terme pour trop peu de dépôts, Dexia présente, depuis sa montée en puissance au cours des années 2000, un profil risqué.

 

Tour à tour, les agences de notation Fitch, la semaine dernière, puis Moody’s, lundi, avaient tiré la sonnette d’alarme, craignant les conséquences pour Dexia de la forte pression des marchés sur les banques françaises depuis l’aggravation début août de la crise européenne des dettes souveraines .

 

Le conseil d’administration a acté cette impasse et ouvert la porte à des cessions en chaîne pour desserrer l’étau des marchés, jusqu’à parvenir à un modèle viable, peut-être réduit non pas à deux pays mais à un seul.

 

Le Figaro évoque la vente de la filiale turque Denizbank, de l’activité de gestion d’actifs, de banque privée mais aussi de la branche de banque de détail en Belgique, appuyée sur le vieux Crédit communal de Belgique, né il y a 151 ans.

 

Quant au portefeuille de prêts aux collectivités locales françaises, qui pèse environ 70 milliards d’euros, il serait repris, toujours selon le quotidien français, par une société commune créée par la Caisse des dépôts et la Banque Postale.

 

Reste à trouver des acheteurs pour ces actifs dans un contexte extrêmement défavorable, où les concurrents de Dexia cherchent plutôt à réduire leur bilan et à se désengager de certaines activités. L’opération pourrait, dès lors, nécessiter le soutien des Etats.

 

Les gouvernements français et belge « suivent la situation » concernant le sort de la banque Dexia, et « interviendron(t) si nécessaire », a assuré dans la nuit le ministre belge des Finances, Didier Reynders, en marge d’une réunion avec ses homologues de la zone euro à Luxembourg.

 

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